Pense-Bêtes, le rappel du vivant

De et par Hélène Lanscotte et Christophe Bonzom
Regard extérieur . Olivier Comte . Thomas Laroppe . Maxence Rey .
Emprunts musicaux . Alain bashung . Philippe Katerine . Steve Reich
Conception graphique . Wladimir Anselme
Production . Cie les Intranquilles

Textes . , , , , , , , , ,
durée : 1 heure

 

 

 

 

À l’animal, vous y pensez ?

Un peu, beaucoup, passionnément… pas du tout ?

Vous y pensez en le voyant ? En le mangeant ?

La dernière fois que vous l’avez admiré vivant, qu’il vous a surpris, c’était quand ?

Dans la famille Animal, je réclame le Sauvage vivant, toutes les espèces, tous les genres et pas seulement le cousin proche. Depuis toujours, j’ai besoin de l’animal, de l’animal vivant.

Loin des yeux, loin du cœur ; le citadin mondialisé, ne croisant plus beaucoup d’animaux, ne se soucie guère de la disparition de ces invisibles.

Alors plus que jamais, il est temps de les évoquer à la mesure de leur présence, de les approcher à pas sensibles, ces bêtes, de les célébrer afin de réanimer notre attention à l’Autre vivant.

PENSE-BÊTES, LE RAPPEL DU VIVANT est une non-conférence théâtrale de et par Hélène Lanscotte et Christophe Bonzom.

Face à face, côte à côte, aux aguets du raisonnement de l’un et de l’autre, c’est à une joute critique que se livrent deux orateurs, questionnant notre expérience de Nature et la crise de sensibilité que nous traversons. Pour cela, ils choisissent de joindre à leurs témoignages les propos contrastés de philosophes, scientifiques, poètes, essayistes et romanciers.

PENSE-BÊTES, LE RAPPEL DU VIVANT interroge la nature du lien qu’entretient l’Homme contemporain avec le monde animal et met en exergue leur nécessaire coexistence, affirmant le sensible comme territoire partagé. 

La scénographie est minimale. Les conférenciers détournent des paperboards, outil de référence et symbole de l’entreprise. Durant les 60 minutes de la représentation, ces objets-outils participent au jeu de répons, se transforment selon les situations qu’imposent la lecture ou le jeu des textes, tantôt en planche à dessin ou mantra ornithologique, tantôt en cible de tir ou support de liste d’extinctions, et bien sûr pour finir, en Pense-Bêtes géant. Car avec cette création, il s’agit bien encore et toujours d’alerter, d’affirmer une responsabilité et un engagement face au déséquilibre environnemental.

 

BANDE ANNONCE

DOSSIER DE PRESENTATION

 

Dates déjà tournées

2025 – au Maroc dans le cadre de l’année sur Le Vivant organisée par les Instituts français de Casablanca, Marrakech et Tétouan (Marrakech, Al Hoceïma, Bouskoura, Casablanca). 2024 – Cirque Electrique (75), Académie du Climat (75), Festival Inventerre de Digne-les-bains (04), Péniche librairie l’eau et les rêves (75), 2020 – Médiathèque Persepolis de St-Ouen-Sur-Seine (93).

Remerciement pour leur soutien à Mains d’Oeuvres (93), La Parole Errante (93), le Théâtre de la Petite Espagne (93), La maison Basque de Saint-Ouen-Sur-Seine (93)

…………………………………………………………………………………………………….

 

CRITIQUE (extrait) 

Deux éminents colibris élancés orateurs se sont donné le mot pour chorégraphier la langue « et pour cause » fabriquer une conférence-toison qui ne sied qu’à leur complicité redoutable.

Hélène Lanscotte et Christophe Bonzom prêtent leur ingéniosité de ton, la gravité de leur présence, l’élégance dans l’éloquence poète à la plaidoirie animale.

Le duo délie les mots, leur richesse étymologique à une allure imprédictible à l’ouïe, annonçant toutefois le futur sans équivoque, la disparition des bêtes, du vivant au trépas.

Alternent en cadence teintes et manœuvres pour étaler la couleur, maintenant ferme, en porte-parole de ces colocataires rescapés de l’Arche au silence contrit, leur sensibilité tue.

Cafardent d’un commun regard perdu sinon mercenaire, ciblant ses congénères spectateurs attentifs aux énumérations sifflotées, accentuées par une petite caissette musicale portative qui se déplace sur scène, on/off.

La fureur supplée l’effarement quand l’une ou l’autre s’emporte, de rares moments où l’humour et l’insolence, cette énergie incroyable nous saute à la gueule, celle-là que d’autres êtres tout aussi raréfiés – presque légendaires – , ne peuvent toujours pas débrider pour asséner : « Au loup ! »

Natacha GUILLER . Artiste plasticienne écrivain poète performeuse

 

 

EXTRAITS DU SPECTACLE

LUI : Il y a l’humanité

ELLE : ET l’animalité.

LUI : En général on les oppose, et non seulement on les oppose, mais en plus on dit que l’animal a toujours quelque chose en moins.

ELLE : Qu’il est en manque. En manque de parole, de raison, d’intelligence, de sensibilité…

LUI : Qu’il est inapte, inabouti, bref une ébauche.

ELLE : De là à regarder les animaux comme des objets il n’y a qu’un pas.

LUI : Or avec toutes les peluches, les jouets et objets en plastique, c’est bien ce qui arrive. Jusqu’à un renversement de valeur. Le vivant ne prime plus, c’est l’objet qui devient la référence du vivant, c’est l’objet qui finit par exister davantage que le vivant.

ELLE : J’ai entendu un petit garçon qui, voyant un lapin dans un champ, a dit qu’il était comme sa peluche lapin.

LUI : Depuis le début de l’humanité, dans les récits, les fables, les mythes, l’animal, par sa présence est le reflet de nos peurs et de notre incompréhension vis-à-vis de nous-même.

ELLE : Grâce à l’animal, nous nous sommes compris, nous nous sommes expliqués à nous-mêmes grâce à la fiction animale.

LUI : Nous pouvons exterminer les grands singes, les baleines, les fourmis, mais sans eux nous ne sommes plus métaphorisables.

ELLE : Sans eux, on ne pourra plus sortir de notre propre fiction humaine, on ne pourra plus jamais espérer se délivrer de l’asservissement de l’homme par l’homme.

 

What’s in a bird un albatros mort sur une plage  / what’s in a bird nombreux pas une chanson volage / mais bouchons de bouteilles sans message de l’oiseau / coca fanta soda du zéro sucre sans joie  / des pailles comme s’il y avait la mer à siroter

Valérie Rouzeau in Sens Averse, éd. La table ronde

 

Nous ne le verrons plus, nous ne le toucherons plus, nous ne l’entendrons plus, nous ne le sentirons plus, l’orang-outan a disparu et tous nos sens crient famine, toutes nos antennes vibrent dans le néant, ne captant plus rien que les preuves sans nombre de notre solitude.

Eric Chevillard in L’orang-outan, éd. de Minuit

 

Si tu manges le léopard tu deviendras le léopard que tu es, si tu manges la gazelle tu deviendras le lion que tu es, si tu manges du léopard tu deviendras le tigre que tu es.

Christophe Tarkos in Pan, éd. P.O.L.