La vie mode d’emploi

Lecture et projection . Christophe Bonzom

Musicien . Romain Tallet, saxophones

Composition musicale . Romain Tallet

Dessins . Brecht Evens
Textes .
1 heure

Imaginez une maison de poupée. Imaginez un puzzle. Imaginez des listes d’auteurs, d’actions, d’objets, de livres, de tableaux, de pièges. Représentez-vous ensuite le déplacement d’un cavalier sur un échiquier. Tentez enfin de deviner ce que peut bien être une « pseudo-quenine d’ordre 10. Telles sont les contraintes folles avec lesquelles Georges Perec s’est amusé pour écrire la vie d’un immeuble parisien sis 11, rue Simon-Crubellier. 179 histoires environ, 22 appartements (sans compter les caves), 2000 personnages (à la louche), sur les 5 (ou 6 ?) continents ! Au cœur de ce « romans » : le projet délirant de l’énigmatique Bartlebooth…

Oui, cela pourrait commencer ainsi, ici, comme ça, d’une manière un peu lourde et lente, dans cet endroit neutre qui est à tous et à personne, où les gens se croisent presque sans se voir, où la vie de l’immeuble se répercute, lointaine et régulière. De ce qui se passe derrière les lourdes portes des appartements, on ne perçoit le plus souvent que ces échos éclatés, ces bribes, ces débris, ces esquisses, ces amorces, ces incidents ou accidents qui se déroulent dans ce que l’on appelle les « parties communes », ces petits bruits feutrés que le tapis de laine rouge passé étouffe, ces embryons de vie communautaire qui s’arrêtent toujours aux paliers. 

Georges Perec