Fantômes chéris . 1ère partie

FANTÔMES CHÉRIS

Projet intergénérationnel d’action artistique et culturelle 

« Se souvenir n’est pas un simple acte de la mémoire, on le sait. C’est un acte de création. » 

 Vinciane Despret  – Au bonheur des morts

Le projet

La vieillesse, par peur de l’image qu’elle nous renvoie de notre finitude et l’adolescence, par défiance du désir d’émancipation qu’elle revendique, sont deux âges de la vie que notre société place souvent à la marge. Or, ils ont également, et ce de manière paradoxale, un autre élément en commun, le souvenir : L’adolescence est l’âge où se construisent les souvenirs les plus vifs de la vie quand la vieillesse est celui où les souvenirs semblent être une grande part de ce que nous sommes.

Nous nous intéressons à la notion de défunt aimé, de Fantôme chéri, celui qui continue à habiter nos vies. Nous avons tous en commun d’avoir un lien avec nos morts et des façons singulières et intimes de les appréhender.
Ce projet placera la parole de l’autre au centre du dispositif de création.

 

Ce projet a été conçu par les trois artistes du spectacle MORTEL ! , la direction artistique est portée par Christophe Bonzom, Thomas Laroppe et Sylvie Lachat.

Fantômes Chéris propose une création entre adolescents et aînés autour de la mémoire de personnes défuntes chéries. 

– Les aînés, invités par les adolescents, sont source de souvenirs et livreurs de récits.
– Les adolescents sont transcripteurs et porteurs de ces récits. 

La confection de portraits-récits de ces Fantômes Chéris est le résultat de ces rencontres. 

Nous pensons, comme le souligne la philosophe Vinciane Despret, que les morts font de nous des fabricateurs de récit

Les adolescents, accompagnés par les artistes et les enseignants, proposent un prolongement personnel des récits recueillis lors des rencontres avec les ainés. Ils ont pour mission d’en restituer la charge affective, les traduisant et les interprétant avec leur propre sensibilité.
Cette restitution donne lieu à des portraits présentés sous forme performative – plastique, sonore et scénique – dans un théâtre et sous forme d’installation au sein des lycées.

Conception 

Thomas Laroppe, Christophe Bonzom,  Fred Muñoz.

 

Direction artistique

Thomas Laroppe, Christophe Bonzom, Sylvie Lachat.

 

Partenaires 

Ce projet s’élabore avec :

le lycée polyvalent d’Alembert (Paris 19e),
le lycée général et technique Rabelais (Paris 18e), 

l’hôpital de jour Bretonneau (Paris 18e), 

le club senior Georgette Agutte (Paris 18e), 

l’EHPAD Alice Guy (Paris 19e) 

et la participation du 104 (Paris 19e).

 

Soutiens

Ce projet est soutenu par :

la DRAC Île de France dans le cadre d’une résidence territoriale d’actions artistiques et culturel en milieu scolaire, la fondation PFG sous l’égide la fondation de France,

les mairies du 18e et 19e arrondissement de Paris.

 

 

Ceci est une archive, la lecture du projet se fait chronologiquement en déroulant cette page.

 

 

HIVER 21 – PRINTEMPS 22 

Novembre 2021

Présentation du projet Fantômes Chéris aux élèves du lycée D’Alembert, du lycée Rabelais et aux aînés du Club Senior Georgette Agutte et de l’EHPAD Alice Guy.

 

« À cette heure fixée à l’avance, entre le jour et la nuit, nous nous sommes réunis. Et à partir de cet instant, le langage qui nous est commun va tisser un fil d’or entre nous, et tenter de donner le jour à une vérité qui soit partageable par tous. »

 

François Cheng, Cinq méditations sur la mort

Décembre 2021

Premiers ateliers-rencontre avec les aînés puis avec les adolescents.

(photo hopitêl bretonneau)

 

Lundi 6 décembre 2021 

Atelier – rencontre avec les aînés de l’Hôpital Bretonneau

Les livreurs de récits :

Marthe, Yvonne, Maurice, Adrien, Marc, Hervé, Jean-Luc…

 

Les accompagnants :

Evelyne, Rosemary, Stéphanie

 

Les porteurs de récits :

Christophe, Sylvie, Thomas

 

 

« Nous n’irons plus aux bois, les lauriers sont coupés La belle que voilà, la laiss’rons-nous danser Entrez dans la danse, voyez comme on danse, Sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez… »
Anonyme, Chanson populaire du 15ème siècle

Le temps est une chose relative, il passe, s’étire et se tord. Ni guimauve, ni pastel, il s’affaire, il avance. Immuable et sans états d’âme… il laisse ça à nos petits cerveaux.
Il nous abat puis nous redresse, nous galvanise ou nous agonit, nous file des claques et nous coupe le souffle, nous laisse cloués sur place ou nous console.
Il s’écoule aussi sûrement que le sang dans nos veines, garant de nos vies, de nos souffles… Son flux et son reflux rythment nos histoires. Il structure la dimension narrative de nos êtres, de nos vies.
Perdre la notion du temps, c’est perdre la notion de soi.

Cette première rencontre avec les résidents du service de gériatrie de l’hôpital Bretonneau est une expérience troublante… et qui nous laisse indécis, entre la joie et la tristesse…
La joie de découvrir toutes ses richesses que l’on va nous offrir, ces petits moments d’un temps qui ne nous est pas connu…

Quelle chance de rencontrer ces femmes (si vives, si frêles) et ces hommes (à l’ouïe parfois fuyante), de les écouter parler de leur passé avec un mélange de gaité et de nostalgie, de verve et de silence, de sérieux et de malice, le tout teinté d’une tristesse un peu fataliste parfois évidente, parfois habilement dissimulée… Chacun d’eux est fort de l’expérience acquise au cours de ses nombreuses années de vie (certains ont plus de 100 ans) même si celle-ci les laisse aujourd’hui fragiles et, parfois même, pour certains, absents à leur propre personne…

L’heure est à l’écoute et à la réjouissance respectueuse. Même si la parole est parfois difficile, empêchée, déroutée par des pensées qui tournent un peu en rond, la vigueur et la malice, la vivacité et l’humour, l’intelligence et la curiosité, tout est là pour donner l’occasion d’insuffler la vie aux souvenirs d’un temps dont les plus jeunes (dont nous sommes) ne savent rien si ce n’est par ouï-dire ou grâce aux actualités et autres archives en tout genre de ces époques passées…

Chacun dévoile des bribes de son histoire et déjà les silhouettes de certains des fantômes Chéris pointent le bout de leur nez.
Hâte à présent de voir nos livreurs de récits et nos porteurs  échanger leurs premiers regards, leurs premiers mots…

Sylvie

 

Mardi 7 décembre 2021

Atelier – rencontre avec les aînés du Club Senior Georgette Agutte

Les livreurs de récits :

Geneviève, Wanda, Colette, Annie, Sylvie, Pierre, Jacqueline, Suzanne, Marie-Pascale, Electra, Michelle, Ghislaine, Anne, Jeanine, Ahmed, Claude, Jeanine, Roger…

Les accompagnants :

Shamousia Moegni

Les porteurs de récits :

Christophe, Sylvie, Thomas

 

« Non, je ne me souviens plus du petit bal perdu
Ce dont je me souviens c’est de ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d’eux… »
Bourvil, Et c’était bien

 

Tout commence et tout finit…
Le monde change… Et nous aussi !
On dit parfois de quelqu’un qu’il retombe en enfance… Mais notre enfance nous quitte-t-elle jamais ?
N’est-ce pas plutôt qu’elle va se nicher quelque part au creux de nos souvenirs, douillettement installée, n’attendant que l’autorisation (l’opportunité) de revenir au premier plan et de reprendre le dessus sur nos points de vue et sur l’expérience que nous faisons tous de la vie ?

On dit aussi : Pour vivre heureux, vivons cachés… encore faut-il ne pas se voiler la face et garder présent à l’esprit celui qu’on a été, pour les plus âgés d’entre nous… et celui qu’inéluctablement, on deviendra un jour, pour les plus jeunes d’entre nous…

Fréquenter un lieu comme le club senior Georgette Agutte, c’est l’occasion de découvrir d’autres pratiques, de rencontrer de nouvelles personnes, voire de commencer une nouvelle vie. Cette dernière n’effacera pas la précédente, elle la prolongera, s’en accommodera, la transformera mais ce qui est sûr, c’est qu’elle donnera l’occasion de poursuivre ce voyage au long cours qu’est la vie, de découvrir de nouveau paysage et/ou, plus simplement, de prendre le temps de cultiver son jardin comme dirait le Candide du sieur Voltaire.

“Je sème une graine qui pourra produire un jour une moisson…“

Voltaire, Traité sur la tolérance (1763)

Parmi les choses qui entretiennent le désir de voir les années se suivre sans pour autant forcément se ressembler, il y a l’amour de soi et de l’autre, la curiosité et les nouvelles expériences, les voyages et les rencontres…  C’est ainsi que, parfois, l’aventure peut se trouver au coin de la rue ou presque…

 

Hâte de découvrir ce qui naitra de la rencontre de nos livreurs et de nos porteurs de récits, une fois que ces derniers auront franchi les quelques centaines de mètres qui séparent leur Lycée du club séniors !

Sylvie

 

 

Lundi 13 décembre 2021

Atelier – rencontre avec les élèves de la classe de 1ère Animation

Les accompagnants :
Cathy, François 


Les porteurs de récits :

Bendiate, Pauline, Victor, Abeera, Anoire, Yaye, Dallo, Tara, Khoumba, Makia, Soukaïma, Emmy, Kadidia, Sire, Bewende, Mohammed, Idriss, Sylvain, Moussa, Lassana, Marlon, Aliou

 

 

« Il est des rencontres fertiles qui valent bien des aurores. »
René Char, correspondance

Lundi matin, début de semaine, début de journée, salle des profs, photocopies, café, nous nous retrouvons avant l’atelier avec les professeurs : petit briefing sur son déroulé. 

Arrivée en classe : les élèves sont là comme un lundi matin, week-end terminé, début de semaine, « ça pique un peu » comme on dit. 

Début des ateliers avec les adolescents. Nous faisons un rappel sommaire du projet (la présentation détaillée a déjà eu lieu dans chacune des classes au retour des vacances de Toussaint) et mettons en perspective les différentes étapes. Les élèves sont attentifs. Nous leur demandons de se constituer en trio par affinités. Chaque trio conduira son aventure main dans la main durant toute la durée du projet, d’où l’importance de se choisir entre bons camarades. Dans cette classe, il y aura 8 trios. 

Ce premier atelier mené dans chacune des classes a pour objet de préparer les rencontres entre trios et aînés. Lors de ces rencontres, la mission confiée aux élèves est celle de se transformer en cueilleurs d’histoires du récit des aînés.

Comment mener un entretien qui permette une véritable rencontre ? Nous proposons d’appréhender le processus par une petite scénarisation de la rencontre et la création d’un jeu de questions-miroir. Les élèves se mettent à l’ouvrage. Chaque trio invente une série de questions permettant d’enclencher la discussion et de susciter l’échange. « Vous préférez votre enfance ou votre vie maintenant ? » écrivent Mohammed, Idriss et Sylvain, «  Avez-vous eu une passion ? Si oui, laquelle ? » proposent Kadi, Bewende et Sine. « À l’école quelle était la matière que vous aimiez le plus ? » se demande un autre trio.

Une première rencontre est souvent animée de curiosité mais aussi d’appréhension, de pudeur. Il faut bien souvent dépasser sa propre timidité ; aussi, avec notre aide, celle des professeurs et des AED – endossant chacun le rôle d’un aîné – les trios s’exercent à la rencontre. Chacun déroule ses questions et les trois membres du trio répondent, à la suite de « l’aîné », à la question posée. Ainsi, grâce aux questions-miroir, se met en place le schéma de l’échange. Bien sûr, de la qualité du premier échange dépendra la qualité de la « vraie » rencontre et par conséquent celle du portrait du Fantôme Chéri que les élèves réaliseront.

L’atelier se termine par le partage, la découverte par la lecture, des « origamis-portraits» rédigés précédemment par les ainés.

Le prochain rendez-vous est lancé, ce sera en janvier, ce sera le moment de la « vraie » rencontre.

Christophe

 

 

Lundi 13 décembre 2021

Atelier – rencontre avec les élèves de la classe de 1ère ASSP

Les accompagnants :
Odette, Céline

 
Les porteurs de récits :

Abiba, Nimassa, Aminata, Noura, Zeinab, Kandja, Clarisse, Jade, Jacqueline, Nickins, Mariama, Aissatou, Haha, Sabrine, Insaf, Sata, Abesatou, Fatoumata, Ala, Leila, Janet, Mariem, Hawa, Wissale, Fanta.

 

 

« Rencontrer quelqu’un, le rencontrer vraiment – et non simplement bavarder comme si personne ne devait mourir un jour -, est une chose infiniment rare. La substance inaltérable de l’amour est l’intelligence partagée de la vie. »

Christian Bobin, La dame blanche

 

Ce qui est caractéristique avec l’adolescence c’est qu’elle n’est pas monolithique contrairement à ce que pourrait nous faire croire l’expression-cliché « ado-mal-dans-sa-peau », mais bien subtilement diverse. Les cinq classes à qui s’adresse « Fantômes Chéris » en sont un bon exemple. 

 

Chaque élève a sa propre histoire, son parcours, sa singularité et les ateliers autour de la rencontre que nous préparons en ce mois de décembre avec eux se nourrissent de tous les aspects de leur personnalité.

La majeure partie des élèves concernés par le projet préparent un baccalauréat à dimension médico-sociale. Ils pourront, à ce titre, être amenés à travailler avec un public de personnes âgées. 

Fantômes Chéris leur permet d’appréhender différentes problématiques liées au grand âge : l’importance de la mémoire, la place réservée aux aînés dans notre société et la nécessité du lien social et intergénérationnel dans les EHPAD. 

Cette classe de 1ère ASSP (accompagnement, soins et services à la personne) est composée uniquement de filles qui nous semblent débordantes d’énergie, fougueuses, rieuses, impliquées, rebelles, définitivement pleines d’humour… et romantiques ! Préoccupation centrale du groupe : l’Amour qui est l’un des thèmes qui ressortira de l’atelier à travers les questions produites.

« A quel âge avez-vous rencontré votre plus bel amour ? », « Combien avez-vous eu d’amoureux dans votre vie ? ». 

Les aînés, dans leurs réponses, oseront-ils dévoiler leurs propres coups de foudre ? Nous le saurons certainement dès le prochain atelier, au mois de janvier.

Christophe




Jeudi 16 décembre 2021

Atelier – rencontre avec les élèves de la classe de 3ème UP2A

Les accompagnants :
Vanina, Marie-Agnès

Les ceuilleurs/porteurs de récits :

Oumaïma, Séko, Exaucé, Adama, Karma, Elhadj, Foday, Awa, Ashraf, Daniela, Saibo, Fatima, Boubacar, Aleksandar, Oumar, Ahmad, Baba

 

« C’est cela la rencontre amoureuse : vous partez à l’assaut de l’autre, afin de le faire exister avec vous, tel qu’il est. »

Alain Badiou, Eloge de l’Amour

Ces élèves sont des primo-arrivants ou adolescents mineurs non accompagnés. Personnes arrivées nouvellement en France et qui suivent ici un cursus d’insertion à partir de l’apprentissage du français et de la culture française. Ils ont la chance d’être accompagnés tout au long de cette année si importante pour eux par deux professeures des plus impliquées, Vanina et Marie-Agnès, deux enseignantes de lettres et français avec une spécialisation en arts plastiques pour Marie-Agnès. Sitôt arrivés en classe nous pressentons leur grande motivation et combien chacune des enseignantes les ont bien préparés : ils sont déjà au cœur du sujet, rencontrer l’autre : se présenter et apprendre de l’autre.

Malgré leur difficulté à s’exprimer en français ou à cause d’elle, ils ont déjà produit un objet-cadeau à destination des aînés : une carte postale de bons vœux traduite dans chacune des différentes langues parlées par les élèves. Exaucé parle le lingala, Daniela le moldave, Adama et Elhadj le poular, Saibo, Boubacar et Souleymane le soninké, Baba le bambara, Awa et Sékou le dioula, Karma le tibétain, l’hindi et l’anglais, Ashraf le bengla, l’hindi et l’anglais, Aleksandar le serbe, Fatima l’espagnol, l’hindi et l’anglais, Oumaïma parle l’arabe et l’espagnol, Foday le krio et l’anglais, Nadjwa le comorien. Autant de langues différentes comme autant d’univers. Ces cartes de bons vœux reflètent toute leur diversité.

Nous, qui souhaitions travailler à une forme de lettre invitation aux aînés, avons été magistralement doublés !

Christophe


 

Jeudi 16 décembre 2021

Atelier – rencontre avec les élèves de la classe de 2de5

Les accompagnants :
Antoine, Marie

Les cueilleurs/porteurs de récits :

William, Brandon , Andréa , Clara, Léa, Oumy , Samuel , Joachim , Elias , Rayen , Athavan, Philippe ,  Khadijatou,  Armance , Gnouma,  Tessya, Ranya, Nafissa, Sofia, Margarida.


« Tout ce que je rencontre devient partie de moi. A vous, tous, que vous le sachiez ou non, qui êtes venus flâner dans le tissu de ma vie et qui en êtes ensuite ressortis : vous m’avez laissé une part temporaire dont je ferai quelque chose. »

Sylvia Plath, Journaux

La seconde générale du lycée Rabelais, classe d’anglais, encadrée par Antoine professeur d’anglais et Marie, documentaliste, est la plus jeune en âge, c’est aussi celle pour qui l’atelier est le plus matinal : 8h !

Arrivée en salle des profs à 7h30 du matin pour sortir le lot de photocopies nécessaires à l’atelier : plus d’encre dans la photocopieuse ! Je suis avec Antoine, feutre à la main, à recopier huit jeux de questions pour les huit trios de la classe. C’est amusant comme on peut se sentir esseulé, dès potron-minet, du fait d’une photocopieuse visiblement épuisée d’un si long premier trimestre de photocopies. Les élèves, quant à eux, sauront récompenser artistes et professeur en s’impliquant vaillamment dans le travail d’écriture des questions. Merci à eux !

Au cours de l’atelier nous listons auprès de chaque élève les différentes activités artistiques qu’il pratique : musique, dessin manga, photos, écriture, danse, chant, etc. Enquête utile nous permettant de tracer le pote

ntiel artistique de chacun des trios. Nous nous appuierons bien

tôt sur ces différentes pratiques pour la mise en forme des portraits de Fantômes Chéris.

Christophe

 

 

Janvier 2022

Rencontre entre aînés et adolescents.

Mardi 5 janvier

Atelier – rencontre avec les élèves de la classe de ST2S

Les accompagnants :
Xavier


Les cueilleurs/porteurs de récits :

Fatou, Mania, Fanta, Camille

Léa, Romane, Zulema

Bilal, Alya, Ziyad, Emmanuel



 

« Chacun de nous est héritier d’une longue lignée, faite de générations qu’il ne connaît pas, et chacun est déterminé par des liens de sang inextricables qu’il n’avait pas choisis. Rien n’impliquait que nous puissions avoir l’envie et la capacité d’être là ensemble, de trouver un sens quelconque à ce simple fait d’être ensemble, en ce lieu. »

François Cheng, Cinq méditations sur la mort

 

Le mardi 5 janvier nous nous retrouvons devant la porte de la classe des élèves de ST2S (baccalauréat des sciences et technologies de la santé et du social). 

Xavier leur professeur nous reçoit. Il n’y a ce jour-là que 9 élèves présents sur les 25 que compte la classe, absence pour cause de virus pour certains, de cas contact pour d’autres.  

Nous nous adressons aux élèves présents pour leur annoncer qu’ils ne pourront pas rencontrer physiquement tout de suite les aînés mais que nous allons ensemble inventer une nouvelle manière de s’adresser à eux. Nous allons tourner un film ! C’est parti les trios se constituent, il y en a donc trois. Puis arrivent avec un léger retard Emmanuel et Mania. Comme nous avons décidé de nous occuper chacun d’un trio, ces deux élèves viennent chacun se joindre à un trio déjà formé qui se transforme pour l’occasion en quatuor. Notre feuille de route est assez dense, en une heure trente, faire écrire au trio les questions-miroir qui les présentent plus une série de questions au sujet du Fantôme Chéris et enfin réaliser les vidéos. Chacun se penche sur ses feuilles et commence à rédiger ses questions. Les trois trios se saisissent à leur rythme de la proposition et commencent à réaliser les capsules vidéo. Chaque groupe choisit son décor pour réaliser le petit film de sa présentation. Dans une des salles ou dans le grand escalier. Ils sont parfois timides, souvent pudiques, n’osent porter leur voix, et puis il y a les masques qui n’aident pas. Malgré tout ils semblent toujours très engagés dans la proposition et veulent bien faire.

Thomas propose alors de les filmer un par un, à visage découvert, dans la salle adjacente. Nous pourrons ainsi les présenter aux aînés sans leur masque et rendre à chaque visage sa pleine expression. Les vidéos, c’est indéniable, deviennent un support d’une force incroyable, un révélateur, faisant transparaître avec justesse la personnalité de chacun des élèves.

Nous terminons l’atelier avec, entre les mains, une possible promesse de rencontre.

Christophe

 

 

Vendredi 28 janvier 2022

104 – Spectacle Campana du cirque Trotolla

avec les élèves de la classe de 2de5 du lycée Rabelais et quelques aînés du Club Georgette Agutte.

Les accompagnants :
Marie, Antoine

 
Les élèves :

William, Brandon , Andréa , Clara, Léa, Oumy , Samuel , Joachim , Elias , Rayen , Athavan, Philippe ,  Khadijatou,  Armance , Gnouma,  Tessya, Ranya, Nafissa, Sofia, Margarida.

Les aînés :
Claude, Ahmed

Avenir (des rencontres) à venir…

« .. Un peu plus tard, sur mon chemin, j’ai rencontré la tendresse
Ce qui reste de l’amour derrière les barrières que le temps dresse
Un peu plus tard, sur mon chemin, j’ai rencontré la nostalgie

La fiancée des bons souvenirs qu’on éclaire à la bougie

Assez tôt, sur mon parcours, j’avais rencontré l’amitié

Et jusqu’à ce jour, elle marche toujours à mes côtés

Avec elle, je me tape des barres, et on connait pas la routine

Maintenant, c’est sûr, l’amitié, c’est vraiment ma meilleure copine

J’ai rencontré l’avenir, mais il est resté très mystérieux

Il avait la voix déformée et un masque sur les yeux

Pas moyen de mieux le connaître, il m’a laissé aucune piste

Je sais pas à quoi il ressemble, mais au moins, je sais qu’il existe… »

Grand Corps Malade, Rencontres 

Si certains, le pensant obsolète, se demandaient encore si les programmes scolaires devaient persister à inclure l’enseignement du latin et du grec, ils seront soulagés de voir que la Covid semble en mesure d’apporter un début de réponse à la question ! En effet, pour éviter les manifestations de mauvais esprit, exit les appellations d’origine géographique (Variant anglais, sud-africain, marseillais, brésilien, indien x 2, sud-africain à nouveau, colombien, etc…), bonjour les appellations savamment lettrées !

 

Révisons notre alphabet grec… Merci à toi, Covid-19 !

Alpha, Beta, Gamma, Delta, Epsilon, Zeta, Eta, Thêta, Iota, Kappa, Lambda, Mu, Omicron, … Ils sont déjà 13, comme les desserts de Noël* même si le résultat est franchement moins festif ! Bien qu’ils ne soient que 5 à avoir acquis une certaine – et bien triste – célébrité, on peut dire que, dans le genre trouble-fête, ils se posent un peu là !

Pour ce qui nous concerne, cela ne change pas grand-chose à l’affaire, voilà plus de 2 ans que nous cohabitons tant bien que mal avec la Covid et que ses effets délétères sur nos vies personnelles, sociales et professionnelles, nos santés physiques et psychiques, se font sentir, plus ou moins lourdement, de façon insidieuse mais pernicieuse.

Ce début d’année 2022 apporte son lot de bouleversements, le très vigoureux Omicron nous met des bâtons dans les roues. Dans les classes, nombreux sont les absents, qu’ils soient malades ou cas contacts… Dans les établissements accueillant les aînés, les consignes se font de nouveaux très strictes et la venue d’adolescents entre leurs murs est impossible jusqu’à nouvel ordre.

 

Comment se rencontrer sans se rencontrer ?

Il faut laisser le temps au temps… mais entre les rendez-vous qui se décalent, le planning que l’on tente d’ajuster au mieux mais qui – au vu des contraintes médicales ou calendaires des uns et des autres – s’avère être un véritable casse-tête, les possibles s’estompent petit-à-petit et le projet tel que nous l’avons pensé, voulu, se désarticule peu à peu sous nos regards impuissants….

Qu’à cela ne tienne, la capacité à s’adapter est un talent précieux, si elle demande du temps, de la réflexion et de l’imagination, notre désir aux uns et aux autres de voir le projet continuer sur sa lancée suffira peut-être à la nourrir…
Alors, nous avons travaillé à faire passer la rencontre des adolescents et des aînés du réel au virtuel, si l’idée de le faire via des séances Zoom ne nous tentait guère, le faire via des capsules vidéo que nous, artistes accompagnants aurions ensuite été présenter aux aînés afin de recueillir leurs réponses ainsi que les premiers éléments qui permettraient par la suite de faire les précieux portraits, nous semblait plutôt riche et excitante…

Nous l’avons mis en œuvre avec la première classe que nous avons retrouvée après les annonces de début d’année. 

Et puis lorsqu’il a été question de se rendre à l’EHPAD Alice Guy, le lundi suivant, un simple test antigénique a balayé notre dernière chance de respecter tant bien que mal la suite du calendrier que nous espérions encore pouvoir respecter !
Christophe et Thomas sont négatifs… et c’est positivement surprise que Sylvie se découvre positive ! 

Fin de partie… provisoire, nous l’espérons mais il nous semblait important de vous tenir au courant !

 

En attendant, les Fantômes Chéris restent bien au chaud dans la mémoire de nos aînés. En espérant pouvoir au plus vite leur donner l’occasion d’aller à la rencontre de nos porteurs de récits car ces derniers, tout comme nous, piaffent d’impatience à l’idée de les rencontrer… enfin !
Et si la Miss Covid veut bien nous laisser respirer – avec ou sans masques – nous devrions, d’ici peu, avoir des nouvelles à vous annoncer ! Fingers crossed comme disent les Anglais…

 

*Qui, comme les 4 mousquetaires, sont plus nombreux que leur nom ne l’indique !

Sylvie

MARS 2022

Youkaïdi, Youkaïda… Le printemps est bientôt là !

 

You can never hold back spring

You can be sure that I will never stop believing the blushing rose will climb

Spring ahead or fall behind, winter dreams the same dream every time

You can never hold back spring

Even though you’ve lost your way, the world keeps dreaming of spring

So close your eyes, open you heart, to one who’s dreaming of you

You can never hold back spring

Remember everything that spring can bring

Baby, you can never hold back spring.

Tom Waits, You can never hold back spring

 

On dit qu’avec le printemps, l’espoir renaît, mais, de fait, il ne meurt jamais vraiment… pas vrai ?

Nous et nos fantômes Chéris, sommes comme le printemps, nous n’avions pas perdu espoir et tel le phœnix de Dumbledore, nous renaissons de nos cendres et reprenons notre avancée.

En effet, après les contrariétés dues à la Covid, 2 des 5 classes ainsi que 2 des 3 établissements d’accueils de nos aînés vont enfin pouvoir mener à terme le projet engagé à la rentrée 2021. Pour les autres, il faudra attendre septembre… l’été indien, en somme.

Top départ, ce lundi 07 mars ! Il ne nous reste donc plus qu’à retrousser nos manches et à laisser se dessiner nos futurs portraits, au gré des rencontres et des partages que ces dernières occasionneront.

Qu’ils soient ceux des cueilleurs de mémoire, ceux des gardiens de souvenirs ou ceux des fantômes chéris, nous sommes là, prêts à les recueillir, prêts à les accueillir…

Sylvie

Lundi 7 mars 2022

Atelier avec les élèves de la classe de 1ère ASSP

Les accompagnants :
Céline

 
Les porteurs de récits :

Wissale, Hawa, Fanta, Adama, Abiba, Nimassa, Aminata, Maryem, Janet, Leïla, Noura, Zeinaba, Kandja, Abesatou, Ala, Fatoumata, Insaf, Sabrina, Sata, Jacline, Claris, Jade, Hawa, Mariama, Nickins, Aïssatou, Myriam.

 

Aujourd’hui, l’allégresse anticipatrice née de la certitude de la reprise les ateliers, laisse place au plaisir concret des retrouvailles avec les demoiselles de Première ASSP et avec Céline, leur professeure référente sur le projet Fantôme Chéris.

Elles sont presque toutes présentes puisque seulement 2 d’entre elles manquent à l’appel et en pleine forme. Toujours aussi rieuses et volubiles… aussi vite prête à se concentrer qu’à se laisser distraire, mais pour le coup, leurs préoccupations n’ont rien de futiles pour autant et les évènements qui occupent le devant de l’actualité (conflit entre la Russie et l’Ukraine) inquiètent fortement certaines d’entre elles…

Céline passe de groupe en groupe et s’occupe de savoir qui en est où de son parcours vaccinal et de la validité de son pass sanitaire… et ce n’est pas une mince affaire !

Après un petit rappel général concernant le projet, nous abordons la 1ère des 2 phases prévues pour cet atelier :

Phase 1 :

Temps de travail sur l’expression orale : le volume sonore, la vitesse d’élocution et l’articulation, importance d’être à l’écoute, bienveillant et disponible afin de s’adapter au mieux à leur futur interlocuteur (la première rencontre aura lieu ce jeudi 10 mars)

Phase 2 :

Chacune doit présenter l’objet qu’elle a choisi et le souvenir qui s’y rattache. Pour certaines, tout coule de source, pour d’autres, c’est la narration de ce souvenir intime qui a du mal à se faire. De la volubilité naturelle, on passe à un laconisme un rien déroutant mais grâce à la bienveillance et aux questions de leurs camarades, la parole retrouve sa voie (voix) et l’histoire se déploie… Pour d’autres encore, le choix de l’objet n’est pas encore fait alors nous lançons des pistes…

 

Le temps passe vite, l’atelier se termine, ces retrouvailles se sont bien passées mais il reste quelques incertitudes quant au nombre de présent jeudi… Affaire à suivre…

 

Sylvie

Jeudi 10 mars 2022

Atelier – rencontre avec les élèves de la classe de seconde 5

Les accompagnants :
Antoine, Marie

 

Les cueilleurs/porteurs de récits :

William, Brandon, Andéa, Clara, Léa, Oumy, Samuel, Joachim, Elias, Issa, Rayen, Athavan, Philippe, Khadijatou, Armance, Gnouma, Tessya, Ranya, Nafissa, Sofia, Margarida.

 

Quelqu’un m’a demandé juste hier après-midi
Si je me souv’nais de toi
Il m’a montré toutes ses photos d’amis

Et j’en ai vu trop de toi …
Photo souvenirs, William Sheller

 

C’est souvent agréable, les retrouvailles, et ça tombe bien, c’est le cas ici !
Très vite, les duos et les trios se reforment. Ils sont 7 au début de la séance, ils ne seront plus que 6 à la fin de celle-ci.
Au sein du groupes mixte comme au sein des 4 groupes de filles où des 2 groupes de garçons, la concentration s’installe tant bien que mal mais avec la certitude cette fois de pouvoir rencontrer les aînés du centre Georgette Agutte dès la semaine suivante !

Nous travaillons sur la manière dont la rencontre va se dérouler.

Dans un premier temps, Ils vont poser, tour à tour, une série de questions auxquelles l’aîné répondra… tout comme eux, juste après lui !

Dans un second temps, chacune des personnes présentes parlera d’un objet qui lui est cher et donnera les raisons de son attachement à ce dernier, si possible au travers d’une anecdote.

Les premiers pas sont parfois malaisés : on porte encore le masque, il faut parler d’autant plus fort. Et puis il y a la question du regard, allez planter ses yeux dans le regard de l’autre, ce n’est pas si simple que cela parfois.

Dans les 2 groupes de garçons, il y a des questionnements, des doutes, des hésitations… Finalement, malgré nos tentatives, certains se désolidarisent de leurs groupes et de 2 trios, on passe à un quatuor !

Vient le moment de nommer et de parler de son “objet précieux“. Pour certains, il faudra encore réfléchir car ils ne l’ont pas trouvé, pour d’autres, expliquer en quoi cet objet est unique et précieux à leurs yeux s’avèrent compliqué. Partager l’intime d’une relation, même si cela ne concerne qu’un objet, demande réflexion. Pour d’autres encore, la pratique autour de l’objet / souvenir est déjà bien ancrée. À 15 ou 16 ans, la vie est déjà jalonnée de moments forts dont on est heureux d’avoir pu garder la trace, quelle qu’elle soit…

Hâte d’assister à ce partage, vivement mardi prochain !

Sylvie

Jeudi 10 mars 2022

Atelier avec les élèves de la classe de 1ère ASSP et les aînés de l’hôpital Bretonneau 

 

Les accompagnants :
Céline, Evelyne, Stéphanie, Rosemary.

Cueilleurs : Fanta, Adama, Abiba, Marième, Noura, Zeinaba, Kandja, Abesatou, Ala, Fatoumata, Insaf, Sabrine, Jacline, Sata, Claris, Jade, Hawa, Mariama, Nickins, Aïssatou

 

Passeurs : Hélène, Yvonne, Esther, René, Stanislava, Gisèle, André, Marthe, Jean-Luc, Yves, Hervé, Pierrette

 

“Tiens, tout a changé ce matin, je n’y comprends rien. C’est la fête, la fête
Jeunes et vieux grands et petits, on est tous amis. C’est la fête, la fête
C’est comme un grand coup de soleil, un vent de folie. Rien n’est plus pareil aujourd’hui
Le monde mort et enterré a ressuscité, on peut respirer. C’est la fête, la fête“
La fête, Michel Fugain


 

Le grand jour est enfin arrivé !

Premier rendez-vous entre les adolescentes de 1ère ASSP et leurs aînés de l’hôpital Bretonneau. Nous l’aurons méritée, cette rencontre, alors oui, on peut le dire : Aujourd’hui est un jour de fête !

 

Tandis que l’on s’installe doucement (très doucement parfois) la temporalité change, les adolescentes se mettent au diapason de leurs aînés pour une sorte de valse-hésitation autour des souvenirs de ces derniers.

L’écoute est bienveillante et les réponses plus ou moins fournies mais généreuses.

Les panneaux réalisés au cours des ateliers précédents et où sont inscrites les questions aident bien les échanges mais, au besoin, les filles n’hésitent pas à répéter les questions et c’est tout naturellement que certaines élèvent la voix pour mieux se faire comprendre. Forcément, certaines conversations voisines se font entendre plus que d’autres sans pour autant perturber les échanges au sein des groupes, nous sommes plusieurs groupes répartis dans un grand espaces.

 

Yves ne s’attarde pas – il a un bateau à prendre – alors Hervé prend sa place et parle de musique… et de “nanas“ aussi, les demoiselles qui lui font face semblent se régaler.

André parle architecture et musées,

Jean-Luc chante Brassens et Stanislava susurre les feuilles mortes,

Esther évoque sa passion pour son métier d’orthophoniste,

Yvonne évoque les pâturages de son enfance,

La voix de la sœur d’Hélène se mêle à la sienne pour évoquer la guerre de 40 et la sévérité du pensionnat… qui leur a laisséun amour commun du bleu,

René partage généreusement ses souvenirs et évoque ses craintes, il retourne à l’hôpital Bichat en début de semaine prochaine… Il ne sera donc pas présent lors de notre prochain rendez-vous.

Marthe, si mutine du haut de ses presque 100 ans, parle de tout et de rien mais conseille à ses auditrices de profiter de la vie et d’attendre un peu avant de faire des enfants,

Gisèle se souvient de son père, maréchal-ferrant et de ses sœurs, du déménagement à Paris, de la guerre… Elle avait 14 ans. La violence des bombardements et la peur ressentie sont à jamais gravé dans sa mémoire.

Pierrette parle de ses 2 sœurs, de leurs caractères bien trempés à toutes les 3, des talents de cuisinière de la benjamine, Jacqueline, et de la carrière de l’aînée, Michèle, qui a été couturière chez Dior… C’est pas rien ça quand même !

Parfois, des rires et des sourires, des silences et des larmes s’échangent ou se partagent, au gré des conversations mais le temps passe trop vite et il est déjà l’heure de se quitter.

On se promet de se revoir la semaine prochaine,

Vivement lundi !

Sylvie

 

 

Vendredi 11 mars 2022

Atelier avec les élèves de la classe de 1ère ASSP

Les porteurs de récits : Wissale, Hawa, Fanta, Adama, Abiba, Aminata, Nimassa, Myriam, Zeinaba, Kandja, Sabrine, Jacline, Marième, Janet, Leïla, Noura, Abesatou, Ala, Insaf, Claris, Jade, Fatou, Sira, Hawa, Mariama, Nickins, Aïssatou, 

 

Professeurs : Céline, Théo

On se retrouve dans une des grandes salles du lycée d’Alembert pour le 1er des 2 partages autour des trésors recueillis lors des entretiens avec les aînés et le début du travail créatif sur les portraits.

L’adaptation est le maître mot de ce projet, semble-t-il, et les fantômes chéris sont un peu “passés à la trappe“, comme on dit ! Mais cela ne diminuera en rien la richesse de ce qui a été partagés entre les adolescentes et leurs aînés. Simplement, les portraits se concentreront sur ces derniers, sur les souvenirs qu’ils ont bien voulus nous offrir à entendre.

La forme se dessine doucement, la réciprocité est toujours de rigueur, les filles parleront d’elles et d’un objet cher à leur cœur, chacune à leur tour au sein de chaque jour puis, ensemble, elles prendront en charge la parole de l’aîné avec qui elles ont eu le plaisir d’échanger.
Forcément, au départ, tout est un peu hésitant et confus, les voix sont un peu faibles, l’élocution un peu trop rapide, les récits un peu confus mais peu à peu, la répartition de informations se fait et les narrations commencent à prendre forme. On s’entraide, on s’explique, on se souffle, on se soutient et l’écoute réciproque au sein des groupes – bon gré, mal gré – trouve sa place. Un début d’assurance se fait jour pour bon nombre de nos belles demoiselles !
Nous, nous savons déjà qu’elles nous offriront un bon moment le mercredi 31 mars… Il ne reste plus qu’à continuer le travail car tout est déjà là…

Sylvie

Lundi 14 mars 2022

Rencontre – Atelier avec les élèves de la classe de 1ère ASSP et les aînés de l’hôpital Bretonneau 

 

Les accompagnants :
Céline, Evelyne, Stéphanie, Rosemary.

Cueilleurs : Fanta, Adama, Abiba, Marième, Noura, Zeinaba, Kandja, Abesatou, Ala, Fatoumata, Insaf, Sabrine, Jacline, Sata, Claris, Jade, Hawa, Mariama, Nickins, Aïssatou

 

Passeurs : Hélène, Yvonne, Esther, René, Stanislava, Gisèle, André, Marthe, Jean-Luc, Yves, Hervé, Pierrette

Aujourd’hui, deuxième grand jour, deuxième rencontre avec les aînés, ce moment si particulier de la transmission, le cœur de notre projet. Les élèves, accompagnés de toute la tendresse nécessaire, vont à leur rencontre. Mais cette fois tout ce mélange, certains aînés, fatigués ce jour-là, resteront dans leur chambre, d’autres nous seront présentés, notre organisation est une nouvelle fois malmenée ; Comme depuis le début de cette aventure nous devons composer avec les incertitudes du vivant.

Une rencontre ne se fait jamais à sens unique. Les élèves perçoivent, dans cet exercice particulier qu’est celui d’animer une rencontre auprès d’une personne que l’on ne connaissait pas auparavant, la nécessité de s’ouvrir soi- même à autrui pour, en retour, pouvoir accueillir la parole de l’autre. Offrir un peu de soi pour recevoir de l’autre.
Dès lors, il est attendrissant de voir comment tous ces vieilles personnes sont curieuses de l’autre, en demande de rencontres, presque désinhibées, on sent que nos échanges avec elles – la petite heure de discussion que nous menons avec chaque aîné se fait autour d’une table avec deux élèves (souvent le trio n’est pas au complet) une animatrice et un artiste – brise leur isolement relatif et interrompt leur solitude.
« La vie ne tient qu’à un fil » dit-on souvent. Nous écoutons ces aînés à la fragilité de papier de soie à qui parfois la tête fait défaut, mais pour eux il est clair que le fil qui les relie à la vie tient bon. Est-ce un fil de soie ? Nous percevons brûler en eux une espérance et une foi en la vie qui les animent continument.
A la fin de cette seconde journée, enrichis de ces dernières rencontres, les élèves repartent avec, bien calés dans leur besace, les récits d’une douzaine d’aînés. Celles d’Esther dite Ety, Hélène, Yvonne, René, Stanislava, Gisèle, André, Marthe, Jean-Luc, Yves, Hervé, sans oublier Pierrette.
Nos 7 trios initiaux ont à présent du pain sur la planche pour dresser autant de portraits !

Christophe

Mardi 15 mars 2022

Atelier avec les élèves de la classe de 1ère ASSP

Les accompagnants :

Céline, Théo

 

Les porteurs de récits :

Wissale, Hawa, Fanta, Adama, Abiba, Nimassa, Aminata, Maryem, Janet, Leïla, Noura, Zeinaba, Kandja, Abesatou, Ala, Fatoumata, Insaf, Sabrina, Sata, Jacline, Claris, Jade, Hawa, Mariama, Nickins, Aïssatou, Myriam.


 

Premier atelier de réalisation des portraits. Nous avons deux heures ! C’est court. Cela débute par la transmission que doivent faire les élèves ayant eu la chance de se rendre à l’hôpital visiter les aînés (pass vaccinal ok et pcr nég. uniquement) aux autres membres du groupe. Celui-ci a pour mission de réaliser la narration d’un portrait, parfois de deux, voire même de trois puisque pas moins de douze aînés ont été rencontrés au sein de l’hôpital Bretonneau. Une gageure en somme.

Ces élèves vont nous étonner. Ces filles sont, une fois impliquées, rapides et dégourdies. L’idée est de les faire passer le plus vite possible de la structure écrite, comportant la distribution à chacune des informations relatant l’aîné, à l’oral. Chacun des groupes, après avoir entamé avec l’aide des artistes ou des professeurs Céline et Théo, l’ébauche et l’architecture de leur présentation, va devoir passer sur la petite scène du pôle culture et assumer sa proposition face caméra.
La cohésion de chaque groupe naît sous nos yeux via la construction de la présentation du portrait et sa prise en charge par les corps. Apparaissent aussi les singularités des élèves, les timides se découvrent moins fragiles qu’elles ne le pensaient, d’autres ayant d’apparence un caractère plus trempé se révèlent moins sûres d’elles une fois le pied posé sur la scène. Ce terrain rebat les cartes de la représentation de soi. C’est un sacré challenge pour chacune d’entre elles. S’écouter, écouter l’autre, les autres, se soutenir mutuellement, se découvrir sous un jour nouveau, quelque chose commence à prendre corps, on les sent prises au jeu.
Chacune se présente au public en nous parlant d’un objet qui lui est cher – pour certaine un bijou offert par la mère ou la grand-mère, pour d’autre une robe offerte par le
grand-père, pour d’autre encore une photographie liée à un moment important de leur vie, au Mali ou ailleurs – puis le groupe s’engage dans la présentation de l’aîné, des aînés. Elles sont touchantes car c’est tout plein de maladresses et encore brouillon et entrecoupé de tout un tas de fous rires, mais il y a chez chacune une vraie volonté de produire un truc de mieux en mieux maitrisé à chacun de leur passage.
Nous aurons tout juste le temps de filmer 6 des 7 groupes, le septième devra patienter jusqu’au prochain atelier. Ces deux heures passent toujours définitivement trop vite.

Christophe

Mardi 15 mars 2022

Atelier avec les élèves de la classe de seconde 5 et les aînés du club senior Georgette Agutte

 

Les accompagnants :
Marie, Antoine et Hayat

 
Les porteurs de récits :

William, Brandon, Clara, Léa, Samuel, Issa, Khadijatou, Armance, Gnouma, Tessya, Ranya, Nafissa, Sofia, Margarida.

 

 

C’est aujourd’hui la première rencontre tant attendue entre les élèves de la classe de seconde 5 du lycée Rabelais et les aînés adhérents du Club Senior Georgette Agutte dans 18e arrondissement de Paris que sont Suzanne, Jeanine, Anne, Françoise, Claude et Ahmed.

 

Enfin, ces rencontres ont lieu ! Et je peux dire que les aînés qui sont ici présents tiennent à ce projet comme nous y tenons, pleinement, entièrement, complétement. Cela fait depuis le mois de septembre qu’on en parle avec eux, qu’on sait qu’ils souhaitent y participer et que nous avons tenus ensemble la distance et l’attente interminable de sa réalisation. Bien sûr certains se sont démotivés, d’autres avaient des empêchements, mais là, lorsque advient la concrétisation, nous réalisons combien ce type de rencontres est toujours fragile. Mais cette fois-ci nous y sommes ! Et les aînés sont pile à l’heure ! Entre grande curiosité et quelque appréhension. « Qui sont ces jeunes ?… ».

Les adolescents mettront plus de temps à arriver, l’inertie des groupes sans doute, accompagnés d’Antoine, leur professeur d’anglais et de Marie, responsable du centre de documentation et d’information du lycée Rabelais. Les lycéens arrivent par demi-groupe et tout de suite les aînés se sentent à l’aise et les accueillent tout sourire. Chaque trio s’installe à une table, la rencontre peut commencer. Les élèves, un peu intimidés quand même, ont préparé tout un jeu de question qui sert de point de départ à la discussion. Chaque discussion est enregistrée afin de permettre de revenir dessus plus tard si besoin. Les élèves se présentent, parle de l’objet qui leur est cher, l’aîné leur répond en suivant le même mode. La timidité de chacun se transforme vite en curiosité assumée de l’autre. Ces aînés sont les personnes âgées les plus jeunes du projet, l’échange se fait assez facilement, les aînés semblent heureux de pouvoir délivrer un peu d’eux-mêmes, de parler de leurs sentiments et d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. La transmission a donc lieu.
Et comme cela semble si différent selon l’époque, et comme ceci résonne semblablement avec les actualités du moment – la seconde guerre mondiale et la guerre en Ukraine, les migrations humaines, la peur, la solidarité – puis les histoires se densifient et deviennent petit à petit plus singulières. L’enfance aussi est un terrain commun où les points de comparaison entre eux peuvent avoir lieu. Les questions fusent de part et d’autre, chaque îlot bruisse de souvenirs.

Déjà l’heure et demie s’est écoulée, voici que le second demi-groupe pointe le nez. Ces rencontres sont pleines de promesses.

Christophe

Jeudi 17 mars 2022

Atelier avec les élèves de la classe de seconde 5 et les artistes.

Les accompagnants :

Antoine

 

Les porteurs de récits :

William, Brandon, Clara, Léa, Oumy, Samuel, Joachim, Rayen , Issa,

Athavan, Khadijatou, Armance, Gnouma, Tessya, Ranya, Nafissa, Sofia, Margarida.

 

Il est tôt, 8 heures et ça pique comme on dit ! C’est pourtant l’heure de retrouver les élèves de seconde 5 et Antoine, leur professeur d’anglais.

Deux salles de classes concomitantes nous sont réservées, nous répartissons les élèves autour d’îlots dans chacune d’elles, nous avons besoin d’espace pour laisser bruire et travailler les groupes. Pour chaque groupe reformé, les élèves ayant conduit la première rencontre avec l’aîné transmettent à leurs camarades l’impression qu’ils ont eu de celle-ci.

Cet aîné, qui est-il ? Quel est son caractère ? Quelle est son histoire ? Son jardin secret ? Autant de détails obtenus lors de cette rencontre et que les élèves se partagent. Le matériau est dense car ainés et adolescents ont beaucoup échangé. Ces aînés sont bien plus volubiles et plus prolixes que les patients de l’hôpital Bretonneau – ici Jeanine et sa collection de cochons en tout genre, sa passion infinie pour les animaux de la ferme, le métier de fourreur partagé avec son mari, là Claude, un temps professeur d ‘éducation physique puis chauffeur de taxi, et son goût prononcé pour la méditation, ici encore Françoise et son amour inconditionnel pour son père ; chacune de ces rencontres se révèle pleine d’étonnantes et touchantes singularités.
A présent, il faut imaginer comment ordonnancer tout cela pour dérouler un récit qui puisse, nous le souhaitons, s’enrichir du tempérament de chacun des membres du groupe. Enfin, les élèves imaginent la manière de se présenter soi, via son objet « précieux », ça se passe à l’écrit puis à l’oral. Cette classe a une certaine aisance dans la prise de parole, malgré les pudeurs des uns et des autres symptomatiques de l’adolescence. Nous réalisons combien la rencontre est l’élément pivot du projet et le concrétise. Cette première rencontre avec l’aîné a ancré chacun dans une réalité, dans une temporalité moins abstraite, l’approche imaginaire et virtuelle de la rencontre des premiers ateliers s’est enfin réalisée.

Christophe

Vendredi 18 mars 2022

Atelier avec les élèves de la classe de 1ère ASSP et les artistes

Les accompagnants :

Céline, Théo

 

Les porteurs de récits :

Wissale, Hawa, Fanta, Adama, Abiba, Nimassa, Aminata, Mariéme, Janet, Leïla, Noura, Zeinaba, Kandja, Abesatou, Ala, Fatoumata, Insaf, Sabrina, Sata, Jacqueline, Claris, Jade, Hawa, Mariama, Nickrins, Aïssatou.

 

Dernier atelier de réalisation des portraits avant la répétition in situ au théâtre la semaine prochaine. On remet l’ouvrage sur le métier et on peaufine le travail. Les élèves sélectionnent certaines images qui apparaitront en support des récits, souvent pour illustrer leur objet « précieux ». Elles choisissent aussi les musiques qui conviennent et auxquelles ont fait référence les aînés. Brassens, Offenbach, les Beatles sont en balance. 

Chaque groupe repasse sa partition, on précise, on travaille l’adresse au public – imaginaire pour l’instant – on gomme, on ajoute, des choses se perdent, d’autres se précisent, c’est tout le sens du travail de répétition. Nous savons que le rythme imposé pour cette réalisation est rapide et le délais court, mais c’est notre contrainte et nous devons en tirer une force. Ces portraits d’aînés se pensent et se dessinent avec toute la vigueur de cette jeunesse et les dés sont à présent jetés.
Ces portraits auront du caractère assurément, une hybridation heureuse se fabrique sous nos yeux, nourrie de chacune des entités du groupe et du récit délivré par l’aîné.
Ces portraits deviennent de plus en plus touchants au fur et à mesure qu’ils s’expriment à travers le corps et la voix de chacune des élèves.

Christophe

Mardi 22 mars 2022

Atelier avec les élèves de la classe de 1ère ASSP au Théâtre Darius Milhaud

Les accompagnants :
Céline et Théo

 
Les porteurs de récits :

Wissale, Hawa, Fanta, Adama, Abiba, Nimassa, Aminata, Maryem, Janet, Leïla, Noura, Zeinaba, Kandja, Abesatou, Ala, Fatoumata, Insaf, Sabrina, Sata, Jacline, Claris, Jade, Hawa, Mariama, Nickins, Aïssatou, Myriam.



 

Le théâtre Darius Milhaud est un charmant petit théâtre du 19e arrondissement, il se trouve à proximité du lycée d’Alembert. C’est là que les élèves de la classe d’ASSP du lycée d’Alembert vont donner à entendre et à voir leurs portraits : le 31 mars à 15 h. Et c’est là, aussi, qu’aujourd’hui nous avons rendez-vous pour cette dernière « répétition » avant le « grand jour ».

Assisses dans les gradins, les 23 élèves présentes ce jour, découvrent le théâtre. L’excitation, la peur, l’euphorie sont palpables et se traduisent souvent par un manque d’écoute. Les artistes, Sylvie, Christophe et Thomas, en demandent beaucoup, ils savent que le temps leur est compté. Christophe est à la régie, Sylvie organise l’espace, Thomas explique la forme que va prendre cette restitution.

Les jeunes filles prennent l’espace au plateau, assises, sur des chaises, elles entourent la scène, en regard sur l’espace de jeu.

La répétition « générale » commence. Elles se lancent. Les trios, quatuors ou duo se succèdent. Pas simple, mais elles y vont, courageuses. Il y a des oublis, des erreurs, des fragilités… Des manques d’écoute, de concentration. Mais elles sont bien là. Présentes et timides. Forte et fragiles.

À la fin de cette traversée, les artistes leurs donnent la parole, chacune fait son retour, dit ce qu’elles pourraient « cultiver » de ses portraits d’ici le 31 mars.

Sylvie, Christophe et Thomas font preuve de beaucoup d’exigences. C’est que la qualité d’engagement des élèves pourraient leur faire oublier qu’elles ne sont jamais montées sur un plateau.

Les artistes sentent qu’à la fin de cette traversée, l’aventure « Fantômes Chéris » n’est plus la leur, mais qu’elle appartient à ces 27 adolescentes de cette classe de première ASSP.

Mardi 22 mars 

Ateliers – rencontre avec les élèves de la classe de 2de5 et les aînés du Club Georgette Agutte.

Les accompagnants :
Antoine, Marie et Hayat

 

Les cueilleurs/porteurs de récits :

William, Brandon, Clara, Léa, Oumy, Samuel, Elias, Rayen , Issa, Athavan,  Khadijatou,  Armance, Gnouma,  Tessya, Ranya, Nafissa, Sofia, Margarida.

 

Les artistes retrouvent le club sénior Georgette Agutte. 

Ils y installent des ilots de tables qui devront accueillir les trios d’élèves et « leur » aîné.

 

C’est la deuxième et dernière rencontre entre les adolescents du lycée Rabelais et les aînés du club.

 

Les aînés sont en avance, les adolescents en retard.

D’un côté, comme de l’autre, les arrivées et les accueils se font en sourire. On sent le plaisir de se retrouver.

Quelques adolescents se sont rajoutés à l’aventure. Ahmed qui n’avait pu être présent la semaine dernière est là aujourd’hui. Il se joint au groupe de Janine, Clara, Léa et Oumy.

 

Chaque trio retrouve « son » aîné. On sent du plaisir, du respect mutuel. 

Les élèves poursuivent la récolte de récits, notamment celui des « Fantômes Chéris ». Nous traversons ces deux ateliers consécutifs, avec humour, émotion et confiance. Petites et grandes histoires : anecdotes, plaisirs gustatifs, religion, histoire d’amour, de filiation, comptines, expériences de vies, voyages, littératures… Les récoltes sont fructueuses. Un gâteau au chocolat, réalisé par une des membres du Club, passe de table en table. Des complicités se laissent entrevoir : quelques tutoiements respectueux, de la taquinerie bienveillante.

Nous sentons le plaisir de raconter, de se rencontrer encore un peu plus. 

 

Ce moment chaleureux passe très vite, nous devons déjà nous quitter. Les adolescents font des selfies souvenirs avec « leur » aîné. Nous nous donnons rendez-vous au 1er avril pour la restitution.

Thomas

Mercredi 23 mars 2022

104 – Spectacle Acoustique 

de Sandrine Lescourant

avec les élèves de la classe de 1ère ASSP 

Les accompagnants :
Céline et Théo

 
Les élèves :

Wissale, Hawa, Fanta, Adama, Abiba, Nimassa, Aminata, Maryem, Janet, Leïla, Noura, Zeinaba, Kandja, Abesatou, Ala, Fatoumata, Insaf, Sabrina, Sata, Jacline, Claris, Jade, Hawa, Mariama, Nickins, Aïssatou, Myriam.

 

 

 

Jeudi 24 mars 

Atelier avec les élèves de la classe de 2de5 

Les accompagnants :
Antoine

Les cueilleurs/porteurs de récits :

William, Brandon, Clara, Léa, Oumy, Samuel, Joachim, Rayen , Issa, Athavan,  Khadijatou,  Armance, Gnouma,  Tessya, Ranya, Nafissa, Sofia, Margarida.


 

 7h50, lycée Rabelais, en 108 et 109. C’est tôt. Les artistes et Antoine préparent les deux salles de classe. L’une sera dédiée au travail à la table, l’autre se transforme en petit théâtre.

La journée va être intense : 2 heures d’atelier le matin et deux heures, l’après-midi. C’est la dernière ligne droite avant de se retrouver au théâtre Darius Milhaud pour la générale.

Les élèves arrivent tout doucement, la semelle parfois un peu trainante. Ils sont plus ou moins réveillés. 

Chaque équipe se place autour de sa tablée.
Ils ont en charge de dresser un « squelette » de leur proposition. Chaque proposition passe par une présentation de chacun d’eux, puis de « leur » aîné et enfin du « Fantômes Chéris ».

Les trios, duos, quatuors ne manquent pas d’idées. Les matériaux et outils utilisés pour les présentations sont divers : dessin, carte de voyage, panneaux de citation, photos, objets divers, musique.

Chaque élève doit faire avec son univers, sa singularité. Chaque équipée a son énergie et sa forme spécifique, en fonction de l’alchimie des individus qui la constitue. Les propositions sont encore fragiles, mais elles sont toujours riches, touchantes, parfois drôles et/ou émouvantes. Les adolescents génèrent beaucoup d’empathie.
Si les aînés ont été généreux dans leur accueil et leurs récits, les élèves le sont tout autant dans la construction de leurs présentations et la transcription du récit des aînés.

Entre, et au sein des différents groupes, les artistes encouragent la coopération, la solidarité, le regard tendre et aimant, la non-comparaison. Ça semble opérer.

Nous avons hâte de les redécouvrir tous ensemble au plateau sous les projecteurs du théâtre Darius Milhaud.

Thomas

Jeudi 31 mars 2022

 

Atelier répétition avec les élèves de la classe de seconde 5 au Théâtre Darius Milhaud

 

Les accompagnants :
Marie et Antoine 

 
Les porteurs de récits :

William, Brandon, Andéa, Clara, Léa, Oumy, Samuel, Joachim, Elias, Issa, Rayen, Athavan, Philippe, Khadijatou, Armance, Gnouma, Tessya, Ranya, Nafissa, Sofia, Margarida.

 

Les artistes : 

Sylvie, Thomas, Christophe

 

 

            J-1 !

 

8h45 les élèves arrivent au théâtre sous une pluie qui aurait pu en décourager plus d’un mais non ils sont tous là ou presque. Nous les réunissons au café en attendant le régisseur qui nous a averti n’arriver qu’à 9 heures pétantes. Le voilà. Tous le monde sur le pont ! Enfin… sur la scène ! La parenté entre théâtre et marine est bien réelle, notamment lorsque l’on doit ne pas dire « corde » dans un théâtre ni sur un bateau car cela porte malheur, la corde étant celle qui faisait tinter la cloche lorsque le corps d’un marin décédé était jeté à la mer. On lui préfère le terme « drisse » ou « bout ». 

 

C’est parti ! Avant tout, Thomas explique à chaque élève l’importance de l’écoute commune, de l’énergie de groupe à trouver sur scène, d’être ensemble sur le plateau dans un même but, comme l’équipage sur le pont d’un bateau, toujours solidaire et bienveillant. Pas facile au départ pour des élèves n’ayant jamais mis le pied sur un plateau. C’est un baptême du feu ou du mousse comme on voudra.

Nous leur expliquons le déroulé. L’introduction, écrite par Sylvie, se fera par le montage de leurs voix enregistrées lors de l’atelier précédent. D’entendre leurs voix enregistrées se répondre les uns aux autres, ils rient. Mais cela à le mérite de les plonger immanquablement dans le sujet. « Tu sais c’est quoi toi les Fantôms Chéris ? ». La restitution se terminera par un montage de voix des aînés rencontrés au Club Senior. Puis, chacun des groupes, selon la conduite imaginée par les artistes, va porter à deux ou trois ou quatre voix, selon le groupe, sa présentation : Tout d’abord se présenter soi, via son objet chéri, puis présenter l’aîné rencontré avec, selon la rencontre, l’utilisation de photos, de musique et de dessins. Puis enfin, le Fantôme Chéri de cette aîné. Le programme au complet en quelque sorte. Et cela se déroule tant bien que mal. Des timidités, des rires, mais une vraie implication. A la fin de cet enchainement, nous leur demandons de nous dire ce qu’ils ont ressenti.

Les gênes, les manques mais aussi le plaisir de la prise de parole se font jour. On les écoute, on les rassure, on les conforte dans leur travail. Ils prennent en compte nos indications, les intègrent avec sérieux. Nous les trouvons plutôt très « sages », cela est dû à l’envie de bien faire qui les inhibe un peu, dirait-on. Aussi, nous leur demandons de se faire confiance et les voyons petit à petit prendre du plaisir à nous transmettre leur portrait. S’accepter tels qu’on est avec ses maladresses et ses habiletés est une vraie gageure ! Et chaque portrait offert est un partage à l’adresse du public qui viendra.

Nous attendons pour le lendemain, jour de la restitution, outre le proviseur du lycée, l’ensemble des élèves d’une classe de 1ère Sp3s, accompagnés de leurs professeurs, tous curieux de découvrir le travail accompli par cette classe de secondes5, et bien évidemment, Claude, Jeanine, Suzanne, Anne, Françoise, Ahmed, chacun des aînés ayant participé aux rencontres.

L’enjeu est de taille devant ce public de qualité. La pression monte. Nos élèves sont dans les starting-block !

 Christophe

Jeudi 31 mars 2022

Restitution des élèves de la classe de 1ère ASSP au Théâtre Darius Milhaud

Les accompagnants :
Céline et Théo 

 
Les porteuses de récits :
Zeinaba, Noura, Kandja, Abiba, Aminata, Nimassa, Myriam, Adama, Fanta, Hawa, Claris, Jade, Fatou, Hawa, Mariama, Ala, Aissatou, Abesatou, Nickins, Jacline, Sabrine, Mariem, Janet, Insaf, Leila.

 

Les artistes : 

Sylvie, Thomas, Christophe

 


Elles sont venues, elles sont toutes là… Sauf une !
Voilà qui est de très bon augure. La présentation commence officiellement à 15h. Il nous reste donc une petite heure et demie pour revoir le début et la fin de la présentation, répondre aux dernières questions, s’il y en a, et tenter de canaliser la bouillonnante énergie de nos demoiselles. Tout se passe bien, on sent un peu de stress et beaucoup d’excitation mais, de façon générale, la bonne humeur est de mise, comme toujours.
Chacune sait ce qu’elle a à faire et sait également qu’elle peut compter sur ses camarades si jamais le trac lui faisait perdre ses moyens…
Nous leur offrons leur cadeau de première, tradition théâtrale à laquelle nous ne pouvions pas déroger : manifestation de notre volonté de les remercier, de leur souhaiter bonne chance, bien sûr, mais aussi de célébrer le plaisir que nous avons eu à travailler avec elles toutes.
Le public commence à arriver, c’est presque l’heure… Notre part du travail s’achève. Elles sont prêtes ! Elles connaissent les mots d’ordre : écoute, bienveillance, respect, solidarité…
De notre côté, plus qu’une chose à dire avant de les laisser vivre en toute autonomie sur le plateau…

 

Un gros MERDE !

… Et une petite explication sur l’origine de ce terme peu gracieux mais plein de bonnes intentions
que les gens de théâtre avant chaque représentation !
Si, à notre grand regret, les anciens de l’hôpital Bretonneau qui ont collaborés avec nos fringantes oratrices n’ont pas pu se joindre à nous, d’autres aînés, venus de l’Ehpad Alice Guy, sont là avec Florence.
C’est donc devant une vingtaine/trentaine de spectateurs attentifs que la présentation commence :
26 jeunes femmes réparties en 7 groupes pour 12 aînés et tout autant de portraits… un peu… beaucoup… passionnément… ou… pas du tout théâtralisés !
Les présences lumineuses de celles qui parlent depuis le centre du plateau, l’attention impliquée au sein de l’arc de cercle formé par celles assises qui écoutent pour juste ce qu’il faut de grâce, de générosité et de maladresse.
Résultat : on écoute, on sourit, on rit, on s’interroge, on s’attendrit, on s’attriste pour mieux se laisser séduire par l’humanité qui se dégage de ces portraits tantôt tirés à grands traits, tantôt riches en détails inattendus mais toujours respectueux et plein d’amour. À la fin de la présentation, les voix des aînés s’élèvent. Ils sont là, nos fantômes et tout comme nos volubiles demoiselles, ils sont à chérir, c’est certain !
Mot de 5 lettres oblige, aux unes comme aux autres, un seule chose à dire : 

Merci.

Vendredi 1er avril 2022

Restitution des élèves de la classe de seconde 5 au Théâtre Darius Milhaud

Les porteurs de récits : 

Ranya, Nafissa, Tessya, William, Andéa, Brandon, Samuel, Athavan, Philippe, Rayen, Issa, Joachim, Elias, Clara, Léa, Oumy, Margarida, Sofia, Khadijatou, Armance, Gnouma 

 

Les passeurs de récits : 

Anne, Suzanne, Claude, Ahmed, Jeanine, Françoise, Claude (bis) 

 

“La nuit promet d’être belle
Car voici qu’au fond du ciel
Apparaît la lune rousse
Saisi d’une sainte frousse
Tout le commun des mortels
Croit voir le diable à ses trousses

Et me chercher sans retard
L’ami qui soigne et guérit
La folie qui m’accompagne
Et jamais ne m’a trahi
Champagne ! “
Champagne, Jacques Higelin 

1er Avril et, ce n’est pas une blague, il neige sur Paris ! 

La neige ne tient pas mais qu’à cela ne tienne, elle fera office de pierre blanche et marquera ce jour ! 

La date est importante puisque c’est le jour de la présentation pour les élèves de la seconde 5 du lycée Rabelais… et par la même occasion, celui de l’anniversaire de Ranya… De quoi remplir nos cœurs de joie ! 

La dernière séance de travail, hier, s’est plutôt bien passé. 

Ce matin, nous donnons les dernières consignes, faisons les derniers rappels : écoute, bienveillance, respect et entraide. 

Pour faire bonne mesure, on revoit le début et la fin de la présentation puis on traverse rapidement, et pour la dernière fois avant la présentation, nos 7 portrait (Claude a travaillé avec 2 groupes) … 

Nos orateurs en herbe semblent plutôt à l’aise… certains le sont vraiment, d’autres donnent le change et les derniers ne craignent pas d’avouer leur trac. 

Tout va bien se passer. Christophe, Thomas et moi le savons et eux aussi le savent… 

Le public commence à arriver et à se rassembler dans le hall. Bon nombre des aînés sont présents… 

 

Il est temps pour nous d’offrir le cadeau de première, comme la veille mais notre présent semble avoir moins de succès… 

MERDE !!! 

Le mot de Cambronne, lancé à la cantonade ainsi que l’explication de son lien en tant que porte-bonheur avec le théâtre déconcertent et font rire.
C’est bien agréable, ce dernier petit moment de complicité partagée avant de les laisser voler de leurs propres ailes selon l’expression consacrée !
Tous les membres présents de la classe de seconde 5 se rassemblent sur le plateau. Sont absents Oumy, Gnouma, Joachim et Elias.
La présentation commencera par la diffusion du message audio, reconstitué à partir des voix de nos joyeux drilles, et présentant ce que sont les fameux fantômes chéris dont il va être question et ce sont les voix enregistrées des aînés qui viendront clore la ronde des portraits…
Entre les deux, les cœurs balancent d’une émotion à l’autre tandis que les groupes défilent et dévoilent leurs portraits.
Qu’il soit question d’eux-mêmes, des aînés ou bien encore des chers disparus de ces derniers, nos orateurs osent parler fort, tentent les dialogues -improvisés ou répétés- et malgré leurs pudeurs, s’exposent avec confiance et générosité, manifestant leur tendresse et leur respect, le tout teinté d’une certaine admiration. 

Alors, tout d’abord, oui, c’est vrai, s’ils ont écouté leurs aînés avec curiosité, ils n’ont pas tous entendu les mêmes choses pour autant et ce qu’ils ont retenu des choses entendues, varie selon leurs humeurs ou leurs sensibilités… Ensuite, il faut bien admettre que leur mémoire, parfois, a pris des libertés… Ainsi, dans leurs récits, se créent des passerelles, des raccourcis, des tours et des détours, des enjolivements et autres petits arrangements avec la réalité que d’aucun nommerait licences poétiques… 

Mais, pour finir, n’est-ce pas le rôle de la mémoire que de donner à revivre mille et mille fois, de mille et mille façons différentes ces moments qui, à peine vécus, dans un flux continu, s’enfuient déjà pour rejoindre la cohorte du temps passé ?
Qu’importe qu’ils nous accompagnent pour un temps ou pour longtemps, Qu’importe qu’ils soient uniques ou multiples, volatiles ou fugaces, qu’ils nous hantent ou nous rassurent… Précieusement chéris, ces souvenirs, ces fantômes nous constituent et parfois même, partagés, nous lient pour le meilleur et/ou pour le pire…
Et aujourd’hui, c‘est pour le meilleur, à n’en pas douter !
Faire de nouvelles connaissances, mettre au monde de nouveaux souvenirs, danser avec nos fantômes, se chérir les uns les autres, un peu aussi… 

Merci pour ce moment partagé. 

Sylvie