Fragments d’un discours amoureux
C’est un portrait, si l’on veut, qui est proposé, mais ce portrait n’est pas psychologique ; il est structural : il donne à lire une place de la parole : la place de quelqu’un qui parle en lui-même, amoureusement, face à l’autre – l’objet aimé – qui ne parle pas.
Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre. C’et comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. […] J’enroule l’autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, j’entretiens ce frôlage, je me dépense à faire durer le commentaire auquel je soumets la relation.
Roland Barthes